L’excoriose est une maladie de la vigne qui touche toutes les parties vertes de la plante. Causée par le champignon Phomopsis viticola, elle impacte surtout les jeunes pousses après débourrement. Elle peut engendrer la casse des sarments et une perte de rendement. Biologie, prévention, traitements disponibles : découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le champignon pathogène et les conseils pour lutter efficacement contre cette maladie fongique.
SOMMAIRE :
L’excoriose est présente dans la plupart des vignobles européens et dans tous les vignobles français, avec plus ou moins d’incidence. Non mortelle pour la vigne, cette maladie est surtout problématique en phase de débourrement et de croissance des brins.
L’excoriose peut perturber le développement des bourgeons à la base des rameaux, ce qui pose des problèmes au moment du choix du bois de taille.
Les infections sévères peuvent également entraîner la nécrose de la base des brins. Fragilisés, ils sont plus susceptibles de se briser sous l'effet du vent ou lors des travaux de culture (tracteur, enroulement des baguettes, palissage), conduisant mécaniquement à une perte de production. Les lésions augmentent aussi leur sensibilité au gel.
Enfin, de manière peu fréquente, Phomopsis viticola peut affecter les feuilles (perturbation de la photosynthèse) et les grappes (coulure si attaque avant floraison, flétrissement des grains).
Identifié en 1915, Phomopsis viticola est déjà observé au 19e siècle. La maladie est alors connue sous le nom d'anthracnose ponctuée jusqu’en 1925, date de la différenciation des deux pathologies. Elle rappelle effectivement les points noirs provoqués par Elsinoë ampelina, le pathogène responsable de l’antrachnose(lien vers guide anthracnose de la vigne).
L'excoriose se manifeste principalement sous forme de points noirs au niveau des rameaux, mais également des feuilles et des baies. Les symptômes varient en fonction de la partie de la plante affectée et de la sévérité de l'infection. Ils apparaissent généralement 15 jours après le débourrement, ou entre 21 et 30 jours après la contamination.
La présence de l'excoriose sur la vigne peut être confirmée en laboratoire en moins de 48 heures. Cette procédure implique de placer des échantillons de brins potentiellement infectés dans une chambre humide et de surveiller l'émergence des cirrhes contenant les spores. Vous pouvez également faire l’expérience chez vous dans une boite contenant le bout de rameau suspect et un coton humide, à une température de 20°C.
Les rameaux présentent des signes d'infection avec l'apparition de lésions noires ou brunâtres, souvent visibles au niveau des 3 premiers entre-nœuds. Ces lésions peuvent évoluer en nécroses allongées en forme d’amande ou en chancres étendus, de couleur brun-marron, notamment si la croissance de la vigne est rapide. Les nécroses ne sont pas toujours situées à la base du sarment. Attention à ne pas confondre les symptômes avec le résultat de l’impact de la grêle ou encore des taches d’oïdium.
Les attaques sévères présentent un aspect caractéristique dit de « tablette de chocolat » : les tissus du cortex s'éclaircissent et se fissurent. Les brins fortement infectés se fragilisent. On peut également observer un étranglement à la base des tiges, pouvant entraîner leur décollement.
En automne, les rameaux aoûtés montrent des zones blanchies et des lésions nécrotiques. En cas d’infection avancée, les bourgeons dormants sont déjà atteints par le mycélium, ce qui risque d’empêcher leur débourrement au printemps suivant.
Source photo: IFV Occitanie
Les feuilles infectées par l'excoriose présentent de petites lésions chlorotiques rondes qui deviennent rapidement brun sombre à noires, souvent entourées d'un halo vert à jaune. Ces lésions, souvent situées le long des nervures primaires, finissent par sécher et tomber, ce qui donne un aspect plombé au feuillage.
En cas de forte infection, des parties du limbe peuvent jaunir, dessécher et se détacher, mais le pétiole reste fixé.
Source photo: IFV Occitanie
Bien que moins fréquent, l'excoriose peut causer le brunissement et le flétrissement des baies. On peut observer des pycnides sur les raisins qui prennent une teinte bleue-violacée. Les inflorescences et les grappes peuvent montrer des lésions similaires à celles observées sur les rameaux et se flétrir jusqu’à tomber.
La protection du vignoble contre l’excoriose implique différents leviers agronomiques et phytosanitaires, tout en s’appuyant sur l’observation visuelle et les outils d’aide à la décision.
Vous procéderez à un contrôle visuel des vignes entre la chute des feuilles et les travaux de taille, afin de marquer les brins contaminés à éliminer. Votre équipe doit choisir des coursons exempts de symptômes. Il est alors essentiel de brûler les rameaux infectés plutôt que de les broyer. Le risque est de répandre les pycnides sous les autres pieds de vigne.
En cours de saison, il est souhaitable de contrôler la vigueur des ceps par l’enherbement et en réduisant l’importance de la fertilisation azotée.
En viticulture biologique, seul l’usage du soufre est autorisé. Deux applications de soufre mouillable à 1,25 kg/ha doivent suffire. Cette lutte est à intégrer dans un raisonnement global du vignoble labellisé AB qui exige des méthodes spécifiques pour protéger les vignes contre l’ensemble des maladies cryptogamiques.
ISAGRI
Avenue des censives
BP 50333 – Tillé
60026 BEAUVAIS CEDEX
France
Mentions légales
Données personnelles
Copyright – 2024 – ISAGRI – Contenus et illustrations tous droits réservés